A travers le discours visuel du signes et du sens – Nombreuses sont les recherches et les études qui portent sur la culture berbère (Amazigh)au Maghreb, en général.En revanche, en Tunisie, on remarque l’absence d’une étude spécifique sur la culture berbère tunisienne.
Par Monia Houdeville
Introduction
Nombreuses sont les recherches et les études qui portent sur la culture berbère (Amazigh)au Maghreb, en général.En revanche, en Tunisie, on remarque l’absence d’une étude spécifique sur la culture berbère tunisienne.
En outre, la population amazighophone, en Tunisie, reste marginalisée,elle nereprésenterait environ que 10 % de la population totale du pays et se situerait principalement, dans le sud de la Tunisie (Djerba, Matmata, Tataouine,Médenine,Kebili,Tozeur).
Néanmoins, il subsiste, également, plusieurs groupes formant des villages de quelques centaines à plusieurs milliers de personnes sur la côte méditerranéenne et à l’ouest, lelong de la frontière avec l’Algérie (Monts deTebes, saEl Kef, Siliana), ainsi que dans la région de Gafsa.
Les amazighs sont, cependant, nombreux à avoir émigré en Europe et dans les grandes villes tunisiennes où ils exercent, notamment, les métiers d’artisan et de commerçant.
L’objectif de notre projet est d’étendre les savoirs sur la culture berbère, en Tunisie, en mettant l’accent, en particulier, sur les dialectiques identitaires, L’on peut dire, en effet, que l’identité amazighe, en Tunisie, est une identité reniée.
Par conséquent, notre rôle – en tant que chercheurs – est de valoriser les stratégies de développement de la culture amazighe en Tunisie et pour ce faire, on a choisi les métiers du patrimoine comme cas d’étude.
Ce choix n’est pas arbitraire,il se justifie par plusieurs raisons et notamment, la , les amazighs sont, cependant, nombreux à avoir émigré en Europe et dans les richesse artistique et symbolique de ce patrimoine qui peut refléter le lien étroit entre les patrimoines matériel et immatériel, à travers un discours d’images et de symboles .
Au cours de ce travail de recherche, on va sortir l’étude du patrimoine de son cadre classique pour la revêtir d’un aspect philosophique qui peut donner une dimension plus vaste et profonde à notre recherche.Dans ce dessein, l’on mettra en exergue l’identité visuelle du signe, à travers la technologie numérique et ce, en relation avec la dimension historique de la mémoire berbère en Tunisie.
Les problématiques
Quelles sont les caractéristiques des métiers du patrimoine berbère tunisien, à travers la sémiologie de l’image?
Que signifie le discours visuel identitaire?
Comment s’exprime la dialectique authenticité _ modernité du patrimoine berbère?
Méthodologie
Pour répondre à la plupart de ces problématiques , notre projet se divise en quatre stratégies globales :
Stratégie I : Analyse historique
La problématique des minorités berbères en Tunisie : Dans cette première partie, on va adopter une approche, à la fois historique et géographique, des Amazighs tunisiens.
Ensuite, on va déterminer la terminologie qui sera utilisée durant cette recherche (berbère, Amazigh?), en soulignant la différenciation qu’il faut faire entre ces deux termes. La fin de cette partie sera consacrée à l’étude des caractéristiques culturelles berbères
tunisiennes (langage, religion, tradition et artisanat), ce qui nous amènera,progressivement, à la deuxième stratégies du projet.
Stratégies II : Analyse descriptive
La philosophie de la sémiologie de l’image berbère (signes) :
Les décors et les motifs berbères ont toujours suscité beaucoup d’intérêt de la part des historiens, des linguistes, des ethnologues et même des psychanalystes.
_En tant que chercheurs du patrimoine_ notre rôle sera : bien analyser et étudier cet héritage immatériel très riche.
Tout d’abord, on va jouer sur la sémiologie du signe et des symboles de quelques pièces de poterie berbère «Ideqqi » (ce mot désigne poterie traditionnelle du nord d’Afrique).
Notre terrain de recherche sera la région du Sejnane ( Ville située au nord-ouest de la Tunisie) connu par ses belles poteries berbères.
En second lieu, on va étudier les sémiotiques décoratives, iconiques et figuratives, à travers quelques œuvres du tissage berbère,notre terrain d’études sera la région de Tamazret (Village berbère située au sud de la Tunisie à une dizaine Km du Matmata).
Enfin, à travers ce voyage nord _ sud on va découvrir la richesse de notre patrimoine imaginaire , puis on va déterminer la relation entre la sémiologie d’image et le discours visuel et identitaire du symbolique berbère ; pour tenter de bien répondre à la problématique de notre projet et passer, ainsi, à la troisième partie.
En effet cette stratégie sera un espace descriptif pour montrer la simplicité, la spontanéité des décors berbère,caractériser par un charme particulier qui témoigne une philosophie traditionnelle d’images tous sera véhiculer vers une dimension sacrée de l’imaginaire collective.
Finalement on peut conclu que cette interprétation des motifs et décors ornant les poteries et le tissage berbère , n’est toujours pas une science exacte car :
Si ces motifs font depuis toujours l’objet de recherches incessantes, il est encore difficile de déterminer précisément un sens unique et sans équivoque du fait d’une extrême ancienneté de leur origine ,cependant les décors simples et purs utilisés par les femmes berbères de région de Sejnane, souvent inspirées des éléments naturels .
L’environnant tels que le soleil, la lune, les montagnes, des animaux, … ont toujours révélé une symbolique protectrice,étroitement liée à la fertilité de la terre et à la fécondité des femmes.
Ces motifs de base archaïques sont des figures géométriques élémentaires : croix,carré, rectangle, triangle, losange, chevron, rosace portent des noms tels que :« papillon », « oiseau », « mouche », « serpent », « scorpion »… qui laissent supposer des significations ancestrales liées au bien et au mal, à l’amour et la haine,à la vérité et au mensonge ou encore à la beauté et la laideur, la couleur participe aussi à la symbolique de l’objet. «Une poterie berbère, habillée et tatouée comme une femme est un objet vivant».
De par ses motifs, la poterie berbère ,comme le tissage aussi se distinguent par trois caractères remarquables : l’ornementale et l’identitaire ; chaque région berbère en Tunisie a son décor propre, sa forme,ses couleurs, et sa particularité esthétique. C’est un témoin de l’histoire de sa tribu et celle des rites et superstitions encore d’actualité de nos jours
Stratégies III : Approche réflexive
La philosophie du discours identitaire visuel berbère :
Dans le cadre de cette stratégie , on va baser notre recherche sur une analyse des corpus numériques et ce dans le but de comprendre cette problématique et ses nuances, en opérant une mise au point sur le contexte épistémologique dans lequel se déroule cet usage.
C’est la question de la matrice du sens que nous voulons aborder ici comme mutation et que l’on peut définir, non pas comme des mécanismes d’entrée et de sortie qui constituent des paradigmes pour les technologies de l’information mais comme une sémiologie dynamique de production, d’usage et de réception du sens et du signe berbère.
A cet effet, on va jouer sur la reconnaissance intelligente de l’image sur Internet offrant un horizon de réflexion pour les sciences humaines s’occupant de l’image et particulièrement, la sémiotique de l’identité berbère comme sémiotique-objet.
Par exemple , face à un corpus numérique comme celui d’un logo inspiré d’un signe berbère , l’un des problèmes qui se posent ; est celui la relation visuelle entre le format numérique et la figure du monde naturel,et celui de la perception.
Cette relation peut être envisagée en deux sens : ou bien comme stylisation et désémantisation des figures visuelles du monde naturel, ou bien comme l’iconisation et naturalisation des formants géométriques et décoratifs.
L’étude du champ de l’image berbère sur l’écran repose sur un prélèvement visuel de l’information,dans ce stade d’analyse on est évidemment conduit à renoncer à établir une identité digitale berbère ?
Stratégie IV :Approche critique : Dialectique authenticité mondialisation du patrimoine berbère
Cette partie sera une réflexion critique sur la dialectique passée et future du patrimoine berbère, en jouant sur la nouvelle forme de médiation mémorielle du patrimoine entre le passé et le présent, ainsi que les technologies de l’information, face aux enjeux du patrimoine et usages innovants comme l’apport du numérique.
En essayant de valoriser l’« identité » berbère en Tunisie, nous tenterons d’illustrer la capacité des acteurs économiques à « se brancher » sur des imaginaires et des référents identitaires qui circulent à l’échelle mondiale -en invoquant le berbère , le montagnard, l’autochtone- et sur des réseaux d’acteurs mondiaux, susceptibles de soutenir leurs projets et leur discours sur telle ou telle facette de l’identité amazigh en effet un dynamique d’ancrage et un branchement des projets touristiques peuvent mobilisant l’identité berbère ;mérite d’être questionnée dans la mesure où les porteurs de ces projets semblent jouer de cette double dynamique,non seulement pour créer de nouveaux revenus et emplois dans des régions particulièrement marginalisées, mais également, pour renforcer les identités collectives et réinventer leurs liens aux territoires.
Conclusion :
Les stratégies de mise en oeuvre de l’identité berbère en Tunisie sont complexes ;Cette diversité illustre la question centrale de la réinterprétation, de la traduction de référents qui circulent à une échelle mondiale dans leur propre système de références.
L’ancrage territorial des identités produites par les acteurs diffère selon les stratégies, a travers des projets qui valorisent des pratiques et des objets patrimoniaux, les acteurs patrimoniaux et militants contribuent à fabriquer des identités enracinées dans des territoires qu’ils décrivent comme des territoires vécus, appropriés par les habitants.
Cependant, les identités amazighes en Tunisie demeurent hétérogènes, en désaccord avec la connotation politique de l’identité amazighe du pays Aussi est-il possible de distinguer plusieurs identités amazighes ? populaire,patrimoniale, militante et commerciale; Ceux qui conçoivent la berbérité comme une opportunité commerciale et non pas, comme un but en soi, vont à l’encontre de la dynamique de territorialisation des identités: en mobilisant des imaginaires hérités de la colonisation, ils contribuent à élargir le fossé entre les imaginaires des touristes en Tunisie et les identités des acteurs patrimoniaux et militants.
L’effort de ces derniers pour être des «passeurs d’identité» est, de plus,entravé par l’absence de soutien des autorités, qui lancent des projets qui ne s’inscrivent pas dans la logique identitaire berbère.
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